L'uvre
de Romuald Hazoumé est fortement empreinte de la religion du Vodou.
De
simples bidons, à peine transformés, naissent des figures expressives
au regard puissant dont l'aspect d'usure rappelle la patine qui couvre avec le
temps le bois des masques traditionnels. Ses " masques bidons ", chargés
de l'esprit Vodou, sont une métaphore de la société de consommation
d'où Hazoumé les extrait de leur statut de rebut afin de les élever
au rang d'uvres d'art. Il propose ainsi une réflexion sur le sens
donné à la matérialité au regard de la spiritualité.
Sa peinture porte sur le système divinatoire du fâ, message de prédiction
ou de sagesse, qu'il transmet, tel un oracle, en utilisant des pigments d'origine
naturelle (bouse de vache, indigo, par exemple). Sur un fond ocre, couleur de
la terre, il inscrit, à l'aide de signes et de pictogrammes, le message
divin qu'il nous reste à déchiffrer.
Confrontant les éléments (terre, eau, air et feu), associant les
symboles (cercle, carré, serpent),
Hazoumé invite à une contemplation harmonieuse du monde, et par
des moyens apparemment réduits, il met en avant la complexité des
forces qui régissent l'existence humaine.
M-C. E.
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