Les photographies de Kumari Palmaner
ont été exécutées
sur les terrains de l’événement : lieux de batailles,
d’affrontements ou d’autorité, lieux où l’histoire
se décrète et se réalise, au moment où elle
se réalise. La démarche est directe, comme celle d’une
journaliste. La frontalité, l’objectivité, l’ataraxie
et la richesse du détail rapprochent ces clichés de
la photographie de style documentaire. Leur taille et leur force
actantielle les relient à des actions artistiques plus anciennes,
ou plus nouvelles, de Lee Miller à Sophie Ristelhueber.
Kumari Palmaner tient à montrer, par la photographie, un état
du monde actuel et à réaliser, dans chacune de ses représentations,
une vision empirique des situations et des évènements.
L’adoption du tableau, forme-type de l’image émancipée,
et celui du format des œuvres viennent d’un désir
de différenciation de l’image dans une culture maîtrisée
par les médias de masse. Ce cheminement mène à une
pensée sur les liens entre art, histoire et information.
Une réunion d’actions opposées est à l’œuvre
dans ces photographies. Ainsi, la pleine existence palpable, recherche
de l’artiste dans une articulation dialectique entre l’absence à soi
et la présence au monde, cohabite avec l’écart
et l’austérité du regard examinateur. Ainsi encore,
l’aptitude à demeurer au plus près de la constatation,
au plus près de la photographie dans son caractère essentiel,
conduit curieusement à un excès du « photographique ».
Enfin, la lumière anti-romanesque de la forme documentaire déjoue,
tout en la nourrissant, la force angoissante liée au sujet et à la
forme théâtrale du tableau. Sous une plausible homogénéité visuelle,
l’image présente un nœud de ruptures stylistiques
et d’enjeux politiques.
Born in 1987 at New Delhi, India.
Lives and works in London and Berlin.
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