À la suite de la présentation de
ses derniers travaux aux Open Studios de la Rijskakademie d’Amsterdam
où il est actuellement en résidence, c’est chez
Olivier Robert, qui le suit depuis ses débuts, que Julien
Beneyton posera ses peintures le temps d’une exposition personnelle
(8 janvier-19 février). Elle coïncidera avec sa première
exposition personnelle dans une institution publique française à la
Maison des arts de Malakoff (15 janvier-27 mars).
Passionné et nourri de culture hip hop, Julien Beneyton met
toute l’énergie qu’il puise dans ce mouvement culturel
et musical au service de sa création, endossant la position
de représentant pour livrer son état des lieux du monde
actuel. Ce n’est donc pas un hasard si l’exposition s’intitule « Je
représente », terme emblématique emprunté aux
textes hip hop et dont l’essence même du travail du peintre
s’accommode parfaitement. En effet, Julien Beneyton s’échine à le
faire comprendre, ses peintures ne se veulent pas engagées,
ni dénonciatrices, encore moins moralisatrices. Il s’agit
pour l’artiste de faire part, de constater, nullement de stigmatiser.
La transcription de la réalité est au centre de sa démarche,
celle qu’il voit, celle qui le touche, en bien, en mal, qu’importe.
Autour d’une dizaine de pièces récentes, grands
formats, petits formats, peinture sur bois, sur papier, paysages,
portraits, scènes de rue, c’est un panorama presque
complet de son talent qui est présenté. Son style figuratif évolue,
s’affine, devient moins caricatural, plus léché pour
servir le souci de réalisme, de spontanéité et
de sincérité de l’artiste. Qu’il s’agisse
de scènes de genre ou de portraits, les attitudes semblent
croquées sur le vif et l’atmosphère qui se dégage
laisse au spectateur l’insolite sensation d’avoir lui
aussi vécu le moment. Pourtant nourrie d’une multitude
de détails réalistes si caractéristiques de
sa pratique, c’est avant tout la quintessence d’une personnalité ou
l’intérêt d’une situation qui ressortent
de ses compositions. En quête de solutions nouvelles capables
de faire évoluer sa peinture, Julien Beneyton ose faire entrer
la tridimensionnalité dans sa démarche de peintre lorsque
l’occasion s’y prête. My Ghettoblaster, exposé ici
ou le SDF, présenté à Malakoff, sont traitées
comme des extractions de ses peintures.
Peindre avant tout les individus, les situations ou simplement les
paysages qui ont une résonance dans sa sensibilité amène
Julien Beneyton à s’intéresser plus particulièrement à ce
qui ne tourne pas rond en ce bas monde, à ceux qui galèrent, à ceux à qui
la vie ne fait pas de cadeau. Mais il ne s’enferme pas dans
une logique misérabiliste, loin s’en faut. Sa curiosité sans
borne pour les cultures qu’il affectionne et l’attention
qu’il porte aux choses qui l’entourent laissent émerger
son goût pour les scènes de la vie quotidienne, énergiques,
tendues ou romantiques, qu’elles se déroulent à New-York
(NYC Breakers Union Square), au Maroc (Oujda, le Linge sur le fil)
ou sur une plage de Mauritanie (Mautitania, La petite pêche).
Julien Beneyton témoigne ainsi, de manière descriptive,
réaliste et figurative de l’étonnante diversité de
la société contemporaine et en livre sa vision sans
concession mais dépeinte avant tout avec une profonde humanité et
une humilité palpable.
Isabelle Palmi |